L’ORTF, ou Office de Radiodiffusion-Télévision Française, était un organisme public français de radio et de télévision. Créé en 1964, l’ORTF avait pour mission de centraliser et de contrôler la diffusion des programmes radio et télévisés en France. Il a joué un rôle crucial dans l’histoire des médias français, marquant une période de monopole d’État sur la radiodiffusion et la télévision.
Cinq colonnes à la une est le premier magazine télévisé d’information français diffusé du 9 janvier 1959 jusqu’au 3 mai 1968 sur RTF Télévision (puis ORTF). L’émission est emblématique de la présidence du général de Gaulle puisqu’elle l’accompagne de sa prise de fonction jusqu’à pratiquement son terme. 5 colonnes tranche singulièrement de toutes les formes d’information télévisée antérieures et annonce la naissance du grand reportage. Beaucoup s’accordent à dire aujourd’hui que l’émission a profité d’une liberté exceptionnelle. La réalité est souvent plus nuancée. Le magazine est un assemblage d’une douzaine de reportages en moyenne qui se déroule sur une durée de 90 minutes. 5 colonnes à la une fixe aux téléspectateurs un rendez-vous mensuel, placé à une case horaire de choix : 20 heures 30. Très attendue et très remarquée, l’émission s’articule sur une succession de séquences, où le rythme est rapide et où l’attention ne doit pas faiblir.
L’équipe de 5 colonnes dispose d’un mois entier pour concevoir, tourner puis monter les diverses séquences qui composeront le magazine. Et à chaque étape de la fabrication, s’exerce un rigoureux contrôle, qui déleste les producteurs de quelques unes de leurs prérogatives. Deux directions – celle des programmes et celle de l’actualité télévisée – exercent un double contrôle permanent, allant jusqu’à valider les sujets traités. Même si une conférence commune fixe une liste de thèmes, ces choix sont souvent modifiés en cours de route, sous supervision. La direction de l’actualité et celle des programmes doivent être constamment informées des évolutions.
Deux directions – celle des programmes et celle de l’actualité télévisée – exercent un double contrôle permanent, allant jusqu’à valider les sujets traités. Même si une conférence commune fixe une liste de thèmes, ces choix sont souvent modifiés en cours de route, sous supervision. La direction de l’actualité et celle des programmes doivent être constamment informées des évolutions.
Le ministère de l’Information lui-même est impliqué : en 1965, Alain Peyrefitte, ministre, est averti à l’avance du traitement d’un sujet sensible (Dien Bien Phu) et promet une vigilance stricte pour garantir le respect de l’« intérêt de la France ». Chaque reportage doit en plus faire l’objet d’un ordre de mission détaillé, validé par les services administratifs. Cette procédure devient un autre point de contrôle sur les thèmes envisagés. De plus, les équipes techniques ne sont pas choisies librement par les responsables de l’émission : elles sont désignées par des services centraux de la RTF.
Frise récapitulative des évènements majeurs qui ont conduits à Mai 68
Débutée avec des révoltes étudiantes à travers le monde, la France se mobilise peu à peu elle aussi pour prendre part aux mouvements. Cela devient plus qu’une mobilisation étudiante: les secteurs publics, ouvriers, c’est toute la France qui se fige.
Sources : – Le Monde – Voix du Nord – L’Humanité – Le Parisien – INA : vidéo “68 Mai la Sorbonne”
La semaine du 6 mai 1968 marque un tournant décisif dans l’histoire sociale et politique française. Le mouvement de Mai 68 en France débute comme une révolte étudiante sans précédent, née d’un profond malaise au sein de l’université française : contestation de l’enseignement traditionnel, manque de débouchés professionnels, rejet de la sélection et revendications pour plus de libertés individuelles et collectives. Ce mouvement, initialement centré sur les universités, va rapidement s’étendre à l’ensemble de la société française.
Il est essentiel de rappeler le climat préexistant. Dès mars 1968, le Mouvement du 22 mars, mené par Daniel Cohn-Bendit, affirme le mécontentement étudiant à Nanterre, dénonçant le conservatisme universitaire et la rigidité des structures sociales. Le 3 mai, la police évacue la Sorbonne à Paris après un meeting étudiant, provoquant l’arrestation de centaines d’étudiants et des affrontements violents dans le Quartier latin. Cet événement marque le basculement du mouvement étudiant en crise nationale. Sources : Larousse, Le Monde, Fondation Charles de Gaulle
L’IMPACT DE LA GUERRE FROIDE ET DES ÉTATS-UNIS AU SEIN DES DICTATURES EN AMÉRIQUE LATINE
Le lien entre les dictatures d’Amérique latine et la guerre froide est direct et profond. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la rivalité entre les États-Unis et l’Union soviétique s’est amplifiée.
À partir des années 1950, le gouvernement américain a voulu étendre son influence sur son propre continent en intervenant dans les pays du Sud. Son objectif était d’affaiblir les mouvements de gauche en instaurant des dictatures militaires conservatrices.
Le tournant majeur dans l’attitude des États-Unis à l’égard des pays d’Amérique latine s’est produit avec la révolution cubaine en 1959. Cette révolution, menée par Fidel Castro et Che Guevara1, était au départ nationaliste, mais s’est rapprochée de l’Union soviétique en raison de l’hostilité des États-Unis envers le nouveau gouvernement cubain.
Par leur soutien logistique, militaire, financier et idéologique, les États-Unis ont contribué à la mise en place et au maintien de régimes autoritaires qui ont profondément marqué l’histoire de l’Amérique latine.
La première dictature mise en place dans ce contexte a eu lieu en 1954 au Paraguay.2
Alfredo Stroessner, ancien dictateur du Paraguay (à gauche)
LA DICATURE AU BRÉSIL
La dictature militaire au Brésil a commencé en 1964 à la suite d’un coup d’État qui a renversé le président João Goulart3, dans un contexte de tensions liées à la guerre froide. Ce régime autoritaire, soutenu par l’armée et les États-Unis, s’est caractérisé par la répression des opposants politiques, la censure des médias et la suspension des libertés démocratiques.
L’ACTE INSTITUTIONNEL N°5
L’Acte institutionnel n° 54du 13 décembre 1968 (AI-5), promulgué par le président Costa e Silva, marque un tournant majeur dans l’histoire politique du Brésil sous la dictature militaire (1964-1985). Cet acte, considéré comme le plus répressif des dix-sept actes institutionnels du régime, a eu un impact profond et durable sur la société brésilienne.
L’AI-5 a institutionnalisé la répression d’État : arrestations arbitraires, tortures, disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires sont devenues des pratiques courantes. La suppression de l’habeas corpus a rendu toute contestation extrêmement risquée, car il n’existait plus de recours juridique pour les personnes arrêtées. La censure généralisée a étouffé la liberté d’expression, empêchant la presse, les artistes et les intellectuels de critiquer le gouvernement ou de dénoncer les violations des droits humains. Les universités et les syndicats ont également été durement touchés, leurs membres étant surveillés, arrêtés ou exilés.
L’AI-5 a permis la fermeture du Congrès et la suspension des droits politiques de milliers de citoyens, éliminant toute opposition institutionnelle au pouvoir militaire. Il s’agissait, selon les historiens, moins d’une réaction à la montée des mouvements armés d’extrême gauche que d’une volonté d’éradiquer les dernières influences de la classe politique traditionnelle et de consolider la mainmise militaire sur l’État.
La période qui suit l’AI-5 est marquée par un climat de peur, la fragmentation de la société civile et la radicalisation de certains mouvements de résistance, qui seront eux-mêmes violemment réprimés. Cette politique de « sécurité nationale » et de répression s’inspire directement de modèles et de formations promus par les États-Unis, notamment via la School of the Americas, où de nombreux officiers brésiliens ont été formés aux techniques de contre-insurrection et de lutte antisubversive.
L’Acte institutionnel n° 5 a instauré un régime de terreur d’État au Brésil. Son impact sur le peuple brésilien reste un traumatisme collectif dont la société continue de débattre aujourd’hui, dans sa quête de vérité et de justice.
LA FIN DE LA DICTATURE
La fin de la dictature militaire au Brésil s’est mise en place progressivement dans les années 1980, sous la pression croissante des mouvements sociaux, des organisations étudiantes et des guérillas marxistes qui, bien qu’incapables de provoquer une révolution socialiste, ont fortement contribué à affaiblir le régime. Le mouvement populaire Diretas Já ! (dont faisait partie l’actuel président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva) a pris une ampleur considérable, symbolisant la volonté du peuple de revenir à un régime démocratique par l’élection présidentielle directe. Cette transition s’est concrétisée en janvier 1985 avec l’élection de Tancredo Neves par le collège électoral, marquant la fin officielle de la dictature militaire instaurée en 1964.
Le 8 mai 1985,5 le Congrès national a approuvé un amendement constitutionnel mettant fin à certains vestiges de la dictature. Parmi les mesures adoptées : l’élection directe du président (en deux tours) a été approuvée par 458 voix à la Chambre et 62 au Sénat ; le droit de vote des analphabètes a été adopté avec seulement 32 voix contre à la Chambre et 2 au Sénat ; les partis communistes ne sont plus interdits ; les maires des capitales, des stations hydrominérales et des municipalités considérées comme relevant de la sécurité nationale sont à nouveau élus directement ; le district fédéral est désormais représenté au Congrès national par trois sénateurs et huit députés fédéraux ; enfin, l’obligation de loyauté envers les partis politiques a été abolie.
La Sixième République brésilienne désigne la période allant de la fin de la dictature militaire à aujourd’hui, marquée par la démocratisation politique et une relative stabilité économique.6
L’HISTOIRE DE DILMA ROUSSEFF
Dilma Rousseff, future présidente du Brésil, a été arrêtée à l’âge de 22 ans pour son engagement dans la lutte contre la dictature militaire7. Membre d’un groupe d’extrême gauche, elle a été emprisonnée pendant près de trois ans et soumise à de lourdes tortures physiques et psychologiques par les forces de répression, notamment sous le commandement du colonel Brilhante Ustra, tristement célèbre pour ses actes de torture contre les opposants politiques. Malgré la douleur, Rousseff a toujours affirmé n’avoir jamais cédé face à ses tortionnaires.
Des décennies plus tard,devenue présidente, Dilma Rousseff a joué un rôle central dans la création et la remise du rapport final de la Commission nationale de la vérité, instituée en 2011. Cette commission avait pour mission de faire la lumière sur les graves violations des droits humains commises durant la dictature (arrestations arbitraires, tortures, exécutions, disparitions forcées), en recueillant plus d’un millier de témoignages et en publiant un rapport détaillé sur les crimes perpétrés par l’État.
Lors de la présentation du rapport, en décembre 2014, Rousseff, profondément émue, a souligné l’importance de ce travail pour que :
« l’ombre de l’omission ne protège plus les fantômes d’un passé très triste et douloureux ».
La Commission de la vérité a ainsi permis de reconnaître officiellement la responsabilité de l’État dans ces crimes et de rendre hommage aux victimes, même si la loi d’amnistie de 1979 continue d’empêcher les poursuites pénales contre les tortionnaires.
JAIR BOLSONARO, L’ÉXTRÉMISME BRÉSILIEN
« C’est un héros national qui a empêché le Brésil de tomber dans ce que la gauche fait aujourd’hui.»
Cette phrase a été prononcée par Jair Bolsonaro à propos du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, l’un des plus tristement célèbres tortionnaires de la dictature militaire brésilienne (1964-1985).
Il a également déclaré ceci le 17 avril 2016, lors du vote à la Chambre des députés sur l’ouverture de la procédure de destitution contre la présidente Dilma Rousseff :
« Pour la mémoire du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, la terreur de Dilma Rousseff, mon vote est oui !»8
Cette déclaration a provoqué une immense controverse au Brésil et à l’international, car Ustra était responsable de tortures et de graves violations des droits humains pendant la dictature, et Dilma Rousseff elle-même avait été l’une de ses victimes. Bolsonaro a ainsi opposé l’action de l’armée contre la gauche dans les années 1970 à la situation politique actuelle, affirmant que la dictature avait « sauvé » le Brésil du communisme ou d’un régime autoritaire de gauche.
Ce geste et ces paroles ont renforcé la polarisation politique au Brésil et ont contribué à façonner l’image de Bolsonaro comme un défenseur assumé de la dictature militaire et un adversaire farouche de la gauche brésilien.
AINDA ESTOU AQUI
Ainda Estou Aqui (en français : Je suis toujours là) est un film brésilien réalisé par Walter Salles, sorti en novembre 2024, qui a connu un immense succès critique et populaire au Brésil et à l’international. Il s’agit d’une adaptation du roman autobiographique de Marcelo Rubens Paiva, racontant l’histoire vraie de sa famille à Rio de Janeiro sous la dictature militaire des années 1970.
Le film se concentre sur Eunice Paiva, épouse de Rubens Paiva, ancien député et opposant au régime, arrêté puis disparu en 1971 après son enlèvement par la police politique. D’abord femme au foyer, Eunice se transforme en militante et avocate des droits humains, luttant sans relâche pour découvrir la vérité sur le sort de son mari et pour obtenir justice pour les familles de disparus. Le film met en lumière l’impact intime et quotidien de la dictature sur une famille, en soulignant la mémoire et la résilience face à la violence d’État.
Ainda Estou Aqui9a reçu de nombreux prix, dont le Golden Globe de la meilleure actrice pour Fernanda Torres, ainsi que le tout premier Oscar remporté par le Brésil dans la catégorie du meilleur film international (International Feature Film).